AMADOU TOUNKARA

Amadou Tounkara d’origine sénégalaise est né en 1973 à Dakar.
Après un détour par la faculté de droit de Dakar, il s’oriente vers les beaux-arts et sort diplômé de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Dakar en 1998. Il se partage entre la France, le Sénégal et le Japon. Il a été sélectionné à la Biennale de l’art africain contemporain (Dak’art) en 2010 et a réalisé de nombreuses expositions ainsi que des performances de live-painting avec des musiciens et des plasticiens de renommée internationale.

Son travail porte les traces de son parcours d’études de pratiques très diversifiées : la peinture japonaise (Nihon Ga), le design graphique, l’infographie/multimédia, l’impression digitale textile, un travail de teinture en particulier. Spécialement intéressé par l’architecture, il représente souvent des portes et des fenêtres dans ses tableaux. Il entend ainsi créer des ouvertures sur ce qui se trouve au-delà, un « dehors » par rapport à un « dedans » qui fait également partie de notre actualité : un mécanisme pictural pour permettre à l’artiste comme au spectateur de s’engager dans une analyse et une évaluation des habitudes quotidiennes, des questions culturelles et historiques, des signes et symboles, et surtout des transformations/évolutions qui s’opèrent dans nos sociétés. Il invite ainsi à lancer une réflexion entre un “dedans” et un “dehors”, des “passages/frontières “, ainsi que sur le symbolisme et l’esthétique qu’elles représentent.

Sa peinture énergique combine spontanéité et joie de vivre avec un monde intérieur plus noir, peuplé d’interrogations sur la vie, l’existence, ou encore l’actualité. Des détails énigmatiques sortent parfois du flou, et se révèlent souvent après plusieurs lectures. Il utilise aussi beaucoup l’humour pour interpeller sur des sujets graves, mais aussi les mots, les signes, les symboles, ce qui souligne l’importance du langage pour lui. Coloriste hors pair, Amadou utilise aussi beaucoup le collage et la photo numérique.

Sa peinture interroge l’espace, il ouvre ses fenêtres sur le lieu où il habite, qui ouvrent à leur tour sur d’autres fenêtres et des réminiscences de lieux traversés. Alors que la vitalité de son style rappelle Basquiat, on pense aussi à Dubuffet et ses “non-lieux”, ses « psycho sites », ses « mires », par l’évocation dans une forme abrégée et synthétique, du monde environnant. Le lieu, le « local » n’ont plus d’existence bien définie dans un monde livré a toutes sortes de flux : tout se recadre en multiples fragments, en espaces inédits pour lesquels on cherche une appellation.
Si cette peinture évoque souvent des aspects très douloureux de la vie telle que l’immigration, ou encore la catastrophe de Fukishima, elle fait preuve d’une grande vitalité de couleurs et de geste et d’une maitrise de l’espace et de la matière même de la peinture. Ce n’est pas un monde qui se dissout : l’infinie combinaison des images aux multiples couleurs évoque plutôt la magie du kaléidoscope qui fait tourner les images rapides et changeantes de la ville, traduction de tous les mouvements qui l’animent, de l’intense dynamique de passage du dedans au dehors, de traversée des mondes et territoires, dans l’ivresse de la création.