50 nuances de rose

Alors que le « millennial pink », ce rose-non-rose aux teintes flirtant avec le blanc ou le beige, continue de s’imposer dans la mode, le design et le fooding, le rose reste une couleur peu appréciée voire dévalorisée. Couleur qui divise car trop féminine, trop stéréotypée, trop artificielle, trop colorée, le rose reste bien loin derrière le bleu, le rouge ou le noir, et ne suscite que peu d’intérêt.

50 nuances de rose est une exposition qui met le rose à l’honneur en laissant le champ libre à 50 artistes issu·e·s de différents champs disciplinaires relevant des arts plastiques — mais pas uniquement —, invité·e·s à s’approprier la couleur et à en explorer la richesse sémiologique, que ce soit pour la valoriser, la détourner ou au contraire la dénoncer. Clin d’œil à l’œuvre populaire d’Erika L. James avec laquelle le rose partage tant son évocation à la sexualité et à la féminité, qu’à la transgression, l’exposition aborde la couleur dans toutes ses teintes, de toutes les manières possibles, à travers dese xplorations plastiques, techniques, politiques, historiques, sociologiques, anthropologiques, psychologiques, psychanalytiques, physiques, chimiques, biologiques, ésotériques, sémantiques, symboliques, etc.

Pensée comme une couleur superficielle, le rose se charge davantage de connotations négatives que positives. Il y a le rose féminin bien sûr, les layettes pastel, le rose princesse des petites filles, ou le rose Barbie, plus vif, plus sexualisé. Le rose anti- masculin, celui apposé par les nazis sur de nombreux déportés homosexuels, réapproprié ensuite par les communautés gays, puis queers pour en détourner le stigmate. Anagramme d’Éros, le rose évoque encore la sensualité, le romantisme voire la mièvrerie à l’eau de rose, lorsqu’il ne renvoie pas à l’érotisme, à la sexualité et à la chair. Le rose maternel encore, celui du sein, de la douceur et de la tendresse, mais aussi le rose malicieux, celui des bonbons dévorés à la dérobée, le rose des guimauves, des barbes-à-papa et des chewing-gums.

Le rose est aussi matière : le rose artificiel, celui arboré par l’enseigne Tati, celui qui teinte les plastiques des produits les plus cheap. Le rose du kitsch, marqueur de classe dénigré, mais aussi le rose plus subtile du marbre et des reflets de la nacre, oudes plus célèbres rose Tiepolo et Pompadour qui ont marqué l’histoire de l’art. Et enfin la rose, cuisse de nymphe ou rose trémière, cette fleur qui partage son étymologie avec la couleur, et dont les teintes subtiles sont partagées par d’autres fleurs.

50 nuances de rose est un plongeon dans un monde où tout n’est pas si rose malgré les apparences, une manière différentede « voir la vie en rose » qui tire sa force dans le grand nombre de subjectivités et de sensibilité rassemblées autour d’unecouleur qui au fond nous renvoie sans cesse à ce que nous sommes.

Avec : Valérie Agneray (FR), Ambivalently Yours (CA), Art Orienté objet (FR), Cie ATMEN : Marguerite Lantz & Françoise Tar nville (FR), Azel (FR), Maël Baussand (UK/FR), Mouna Ben (TS/FR), Luisa Callegari (BR), Chloé Coislier (FR), Quen n Derouet (FR), EVA & ADELE (DE), Extraweg (DE), Morgane Faes Cortes (FR), Anne Ferrer (FR), Full Mano (FR), Barbara Fulneau (FR), Fur Aphrodite (FR), Anne-Laure Ganga (FR), GARKETCH (FR), Lo a Grimborg (SE), Natacha Guiller (SNG) (FR), Hermann (FR), Sally Hewe (UK), Joël Hubaut (FR), Nici Jost (SZ), Manon Ka (FR), Alexis Komenda (FR), Guillaume Lebègue (FR), Pascal Lièvre (FR), Lora Mathis (US),MINUIT (FR), Cloé Muro (FR), Naoto (FR), Eugénie Péron-Douté (FR), Simon Pe t(FR), Vincent Prieur (FR), ROB ONE (FR), Madison Ryckman (US/FR), Salamandra (US/FR), Suzanna Sco (US), Stuart Semple (UK), Olivier Thuillier (FR), Joana Tosta (FR), Chris an Unger (FR/DE), Valen ne Vera (FR), Florian Viel (FR), …