Kaya

Née en Slovaquie, Kaya vit à Paris depuis 2000. Titulaire de MASTER 2 D’Art à finalité recherché, mention ART PLASTIQUE, spécialité théorie et pratique de l’art contemporain et des nouveau médias, mention « très bien ».

Karin peint depuis son plus jeune âge. Intéressée surtout par la matière et les couleurs elle est passée par plusieurs périodes : une période figurative puis abstraite avant de parvenir aux mandalas, qui étaient déjà présentes, d’une façon embryonnaire, dans ses peintures pendant son Master 1 en 2008.

Cette jeune artiste habitée par la question de la représentation du corps de la femme depuis ses débuts a pu, en 2015, opter pour ce travail non figuratif oscillant entre le symbolique et la pure abstraction ? Est-ce qu’il y a rupture dans sa démarche ? Son histoire et l’analyse de ses travaux donnent quelques clefs.

Etudiante slovaque installée à Paris en 1999, elle a d’abord affirmé son identité par un travail où les représentations, souvent tourmentées, de corps étaient portées par des couleurs acryliques stridentes. Elle plongeait dans la douleur et le drame humain. Avec cette nouvelle étape, nettement plus apaisée, s’affirme une autre plongée. Vertigineuse aussi.

Ce n’est pas sa formation théologique ou religieuse qui a entraîné Karin Kralova sur cette voie mais la redécouverte d’un exercice de concentration sur des petits formats papier puis sur les supports actuels (toiles et bois). Elle a retrouvé seule ce qui marque les rites de sorcellerie comme les cultes celtiques, dans la continuité de sa pratique antérieure en dépassant la géométrie. La tension extrême exigée par la création précise, focalise une énergie que le spectateur ressent en entrant dans l’œuvre. Tensions, forces, on reste bien dans le domaine de la physique. Notre conscience reprend sa place dans l’univers.

Karin Kralova n’a pas abandonné le travail sur la matière, gagnant en épaisseur et profondeur par le recours à des jeux de lumière autorisés par l l’huile, alepastel et même des vernis. Certaines pièces sont comme des céramiques. On retrouve des gammes chromatiques froides mais associées aussi maintenant à des valeurs plus vivantes. Relativement à son motif de prédilection initial, qui n’est d’ailleurs pas totalement abandonné, le corps, le motif du cercle n’est pas une rupture dans la mesure où il est habité. Certaines peintures sont comme des corps peints au henné de motifs géométriques partagés par les traditions berbères et slovaques.

La permanence d’une tradition dans l’innovation

Un cheminement est perceptible dans cette série où l’artiste n’élargit pas seulement la représentation du cercle au sens propre mais l‘enrichit aussi de sa culture, de ses souvenirs. Les « boîtes » carrées dans lesquelles sont posées des plaques transparentes et des dentelles slovaques démontrent une capacité à intégrer, avec talent, des motifs, des matériaux tirés de son histoire. Les textes et les mots ou symboles répétés s’inscrivent dans les grandes traditions cosmogoniques que Karin Kralova aime détourner.

                                                                                                          Alexandre Pajon, Attaché culturel de l’institut français à Prague.